
Danny Reinke à la Fashion Week de Berlin : 90 sec avant l’apocalypse
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La Fashion Week de Berlin s’est clôturée en beauté, laissant derrière elle des moments forts et des collections marquantes. Parmi elles, celle de Danny Reinke, qui a captivé le public avec sa collection automne/hiver 2025-2026. « 90 Seconds to Midnight » qui oscille entre vision infernale du futur et optimisme en invitant au changement.
Inspirée des récits sombres du Struwwelpeter de Heinrich Hoffmann et de la célèbre Horloge de l’Apocalypse, cette collection met en scène une tension dramatique entre l’innocence et l’urgence, entre l’imaginaire et la réalité d’un monde au bord du basculement.
« Avec 90 Seconds to Midnight, Danny Reinke fait appel à la force de la résistance – un encouragement à relever les défis de notre époque avec créativité, courage et solidarité. » Une mode engagée, pensée comme un manifeste, où chaque silhouette raconte une histoire entre poésie et frisson.
Petit débrief du défilé pour comprendre les inspirations du designer Berlinois.
Le débrief du défilé Danny Reinke à la Fashion Week de Berlin
90 secondes avant l’impact. L’horloge de l’Apocalypse tourne, et Danny Reinke transforme cette urgence en une mode qui oscille entre innocence et chaos. Inspirée des contes moralisateurs du Struwwelpeter, sa collection joue sur les contrastes : des silhouettes presque candides, aux lignes épurées, côtoient des pièces plus sombres, imprégnées d’une tension dramatique. Une sensation d’échappée imminente traverse le show, comme si les mannequins tentaient de fuir un monde en déclin. L’esthétique, elle, mêle l’élégance couture à des accents punk tout droit sortis des années 80. Une mode à vif, rebelle et intrépide, qui fait écho à l’urgence (climatique ou politique, on ne sait pas…) de notre époque.
Les silhouettes
Rebelles, élégantes et résolument dramatiques, les créations de Danny Reinke jonglent entre candeur et chaos. Puisant dans les contes moralisateurs du Struwwelpeter et l’urgence de l’Horloge de l’Apocalypse, le designer façonne une dualité saisissante : d’un côté, des pièces aux allures enfantines, presque innocentes ; de l’autre, des silhouettes sombres, imprégnées d’un sentiment de destruction imminente. Un contraste troublant, où l’innocence flirte avec la fin du monde.
- Le noir
Perso, ces silhouettes sombres m’ont évoqué des âmes errantes, presque fantomatiques. Un effet « zombies », qui colle parfaitement aux inspirations de Danny Reinke : un monde au bord du gouffre, où l’humanité vacille entre l’élégance et l’enfer. Le noir, couleur maîtresse du défilé, incarne à la fois la sophistication absolue et le chaos imminent—un contraste puissant qui donne toute sa force à la collection.
- Une touche forestière
Au milieu de ces silhouettes sombres, quelques modèles arborent la couleur phare de 2025 : le mocha mousse, rehaussé d’un motif floral résolument seventies. Ces imprimés floraux semblent incarner l’enfance et la nostalgie perdue de l’innocence en grandissant dans un monde au bord du chaos. Déclinées sur des robes ou des ensembles aux allures enfantines, les fleurs conservent une patine vintage, ajoutant une touche mélancolique à cette vision d’une jeunesse teintée d’amertume.
- Les années 1980
Impossible pour un Berlinois d’évoquer l’héritage punk sans replonger dans les années 1980-1990, une époque marquée par la révolte et le renouveau avec la chute du mur et l’effondrement du régime communiste. Danny Reinke puise dans cet esprit insoumis pour célébrer la force de l’individualité et rappeler que le pouvoir du peuple peut toujours renverser un destin qui semblait écrit d’avance.
- Les cheveux décoiffés
Les cheveux décoiffés ou électrisés amplifient le côté dramatique du show, soulignant l’urgence du message : plus le temps de soigner son apparence, l’horloge tourne. Chaque détail capillaire a son importance, renforçant la cohérence de l’ensemble et affirmant avec force l’esthétique et la narration du défilé.
- Le passé
Le show évoque le passé sous deux angles distincts : du passé en matière de savoir-faire et de tradition, et le passé en terme plus politique dans le sens de s’extirpera des vieux schémas de pensée pour en créer des nouveaux. Il exprime le savoir-faire à travers des pièces minutieusement travaillées : en utilisant des techniques design comme les pantalons à doubles poignets, des matières comme le tweed ainsi que des techniques de découpage et de reconstruction qu’il utilise pour créer ses looks punks.
- Les accessoires
Les accessoires jouent un rôle-clé dans la narration du show. Plusieurs mannequins défilent avec des sacs de voyage et des valises, illustrant l’urgence de fuir avant l’inévitable. Une mise en scène parfaitement alignée avec le thème apocalyptique de la collection. Autre détail marquant : une mannequin arbore un ciseau géant, porté comme une arme, accentuant cette tension dramatique et l’idée d’une lutte imminente.
- La solidarité
On peut finir avec une touche positive, car malgré le thème et les nuances sombres des tenues présentées, il faut en retenir ceci : on peut échapper à l’Apocalypse et construire sa propre histoire en s’échappant d’un destin tout tracé, et cela passe par la solidarité et l’action. Esthétiquement, Danny Reinke exprime ce sentiment d’une façon très créative : en faisant défiler deux mannequins main dans la main, côte à côte, vêtus de couleurs naturelles qui rappellent la terre. Vous avez des frissons ? C’est le but, et je vous conseille de revoir le défilé en vidéo pour en savoir plus !

































Image en une : © Sebastian Reuter/Getty Images pour Danny Reinke