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Affiche du film Strange Way Of Life par Saint Laurent Productions

Saint Laurent Productions : des défilés au ciné !

Première maison de luxe à franchir le cap, Saint Laurent a lancé sa propre unité de production audiovisuelle en mai dernier, sobrement nommée : Saint Laurent Productions. Le créateur artistique, Anthony Vaccarello s’est illustré dans ce nouveau rôle en produisant le nouveau court-métrage du réalisateur espagnol Pedro Almodóvar présenté lors du 76e festival de Cannes en mai dernier, et désormais dans les salles. Un western élégant, où le vêtement tient un rôle de premier plan, et qui marque le début d’un nouvel axe de création de la maison qui passe des défilés aux cinés. Découverte de cette première production de western spaghetti, entre goût de romance et de vengeance.

Comment les maisons de luxe s’intègrent aux films

La mode a toujours eu un lien privilégié avec le cinéma. D’une part, par les costumes créés pour les productions, mettant en avant le savoir-faire des métiers d’art ainsi que les tendances propres au milieu. Mais également, en faisant rayonner des pièces et leur renommée, comme la série Sex and the City l’a fait par exemple à moult reprises, notamment avec le sac Birkin, ou bien encore les escarpins bijoux Manolo Blahnik.

Outre les pièces phares, ce sont parfois des maisons entières qui ont été mises en avant dans des longs-métrages. Dernièrement, nous tombions d’amour pour les 5 tenues réalisées par Chanel pour le film Barbie de Greta Gerwig.

Autre cas de figure avec certaines maisons qui se sont retrouvées à être le sujet d’un film, à l’image de l’acclamé House of Gucci, réalisé par Ridley Scott et revenant sur l’assassinat du petit-fils héritier de Guccio Gucci en 1995.

Par ailleurs, des créateurs ayant un fort lien avec le 7ᵉ art ont, de temps à autres, laissé de côté les croquis des collections pour ceux de storyboard, à l’image de Tom Ford, ayant fait de Gucci ce qu’est Gucci, et passé chez YSL avant de lancer sa propre griffe éponyme. Le styliste a signé deux réalisations remarquées, A Single Man et Nocturnal Animals, et a conçu les costumes de 2 opus de la série James Bond, Quantum of Solace et Skyfall.

Ainsi, différents liens existent entre les maisons de couture et le cinéma, cependant, la création d’une production audiovisuelle comme activité à part entière d’une maison reste une première. Et de ce fait, tous les regards se tournent vers Saint Laurent Productions.

Les prémices de Saint Laurent Productions

Bien que la création de Saint Laurent Productions se trouve au centre de toutes les discussions, sa création n’a finalement rien de si étonnant… En effet, si l’on jette un coup d’œil au rapport qu’entretien la maison avec le cinéma, nous pouvons déceler de nombreux signes avant-coureur de la récente création de son unité de production audiovisuelle.

Bien évidemment, lorsque nous pensons à Yves Saint Laurent et le 7ᵉ art, nous pensons tout de suite aux deux biopics sortis simultanément en 2014 sur le créateur de la maison. L’un signé par Jalil Lespert, avec Pierre Niney, et l’autre, pensé par Bertand Bonello, dans lequel le regretté Gaspard Ulliel donnait vie au couturier.

Grand amateur du 7ᵉ art, Yves Saint Laurent avait conçu en 1967 les costumes du récompensé Belle de Jour de Luis Buñuel, où Catherine Deneuve, Jean Sorel et Michel Piccoli se partageaient l’affiche. Ce lien avec le cinéma a nourri les créations du couturier pendant de nombreuses années, et l’a inspiré pour créer des pièces portées par de grandes figures de cet art sur les tapis rouges du monde entier. À l’image de Sophia Loren, ayant également porté des créations iconiques d’Yves Saint Laurent (pour Dior) dans le long métrage Arabesque. Encore aujourd’hui, Anthony Vaccarello continue de créer au sein de la maison des silhouettes aux airs de personnages tout droit sortis d’un film, pleine de grâce et d’élégance.

Le cinéma vu par Saint Laurent Productions et Anthony Vaccarello

Avec comme volonté de créer cette boite de production audiovisuelle pour « travailler avec tous les grands talents du cinéma qui m’ont inspiré au fil des ans et leur offrir une plateforme. », Anthony Vaccorella, avait déjà mis en lumière des cinéastes lors d’une campagne pour sa collection homme du Printemps 2023. Des portraits, regroupés en une série nommée « Director’s cut », avaient ainsi été conçus autour de David Cronenberg, Abel Ferrara, Jim Jarmusch, ainsi que Pedro Almodóvar, que nous retrouvons aux côtés de la maison qui signe sa première production avec lui.

Le groupe Kering, qui possède la maison Saint Laurent, met elle aussi les talents du cinéma avec son prix Women in motion.

Si la maison de luxe s’illustre désormais pleinement à travers Saint Laurent Productions, elle n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de production. En effet, en 2019, la maison s’était associée à deux autres boîtes de productions, afin de co-produire le Lux Aeterna de Gaspar Noé.

C’est désormais en cavalier seul qu’opère la maison sous son entité de Saint Laurent Productions. Et le directeur artistique a choisi avec intelligence le moment du lancement de sa nouvelle voie de création, à savoir, lors du dernier Festival de Cannes. Avec non pas une, mais deux productions, la maison s’est fait une place sur la croisette et pas des moindres.

En plus d’accompagner les cinéastes avec sa boite de production, Anthony Vaccarello, qui est à la tête de la maison depuis sept ans, a annoncé qu’il ferait lui-même les pièces Saint Laurent portées dans les films.

Comment Saint Laurent Productions compte déployer son univers ?

Alors que l’on aurait pu penser que Saint Laurent Productions s’axerait sur des films en écho à l’univers de la mode, la réalité en est tout autre. Et Anthony Vaccarello semble vouloir se challenger à explorer de nouveaux horizons par ce biais de créativité, afin d’enrichir encore plus la palette et vision artistique de la maison de luxe française. Présentées en compétition officielle lors du 76e Festival de Cannes, s’étant tenu du 16 au 27 mai 2023, les deux premières créations produites se sont ainsi ancrées dans deux univers distincts.

D’une part, le « Film annonce du film qui n’existera jamais « Drôles de Guerres », est un trailer mettant en avant des travaux de Jean-Luc Godard, réalisés avant sa disparition en septembre 2022, et qui faisaient partie de l’élaboration de son futur film, qui ne verra en conséquent jamais le jour.

D’autre part, Saint Laurent Productions est venu à nouveau mettre en avant le talent du cinéaste Pedro Almodóvar, en produisant son nouveau court-métrage, Strange Way of Life, un western spaghetti mêlant vengeance et romance gay.

Une création, faite aux côtés de la boite de production du cinéaste El Deseo, que nous avons désormais la chance de voir en salles depuis le 16 août, à travers une expérience inédite, où ce dernier est diffusé avec le précédent court-métrage du cinéaste, La voix Humaine, réalisé en 2020.

Comment Saint Laurent Productions glisse sa patte dans Strange Way of Life ?

Si d’un côté Pedro Almodóvar nous offre un western spaghetti parfaitement maîtrisé et baigné de son aura si caractéristique, tant par l’écriture que la mise en scène à l’esthétique de tableau, Saint Laurent Productions relève, lui aussi, le défi.

Aux côtés de Pedro Pascal et Ethan Hawke le vêtement apparaît tel un personnage à part entière, grâce à des pièces fortes et en écho à l’univers du cinéaste. Nous découvrons ainsi deux cow-boys sacrément bien lookés, qui viennent rompre avec l’imaginaire habituel du cow-boy un peu poussiéreux, tout en respectant les costumes liés à cette période et ce genre.

María Clara Notari, Directrice Artistique et Anthony Vacarello sont venus épouser la vision de Pedro Almodóvar et sa colorimétrie riche en couleurs primaires, en jouant sur les tons verts, ocres et rouges pour le personnage de Silva (veste, chemise à carreaux, t-shirt, foulard), et des tons bleu et noirs pour le personnage du Sherif Jake (chemise, veste). Un travail autour des pièces qui va dans le détail, jusqu’aux caleçons, serviette de bain, nœuds et doubles ceintures qui signent une garde-robe complète.

Le vêtement a le droit à ses gros plans et mentions dans les dialogues et vient donner une certaine prestance aux personnages, tout en les caractérisant, et nourrissant leur construction. Les pièces jouent également un rôle essentiel dans la caractérisation du lien entre les deux personnages principaux et permettent, à l’image du fameux foulard, d’apporter de l’ambiguïté et des questionnements vis-à-vis de leur relation, autant pour les 2 hommes que le spectateur.

Saint Laurent Productions signe ainsi une première production réussie et qui ne passe pas inaperçue. En même temps, avec les mentions « Saint Laurent Productions » et « Saint Laurent by Anthony Vaccarello presents » limite plus voyants que le titre du film et noms des équipes, il est difficile de passer à côté… Un peu plus de subtilité serait appréciée…

Cela dit, nous avons hâte de voir les prochaines productions dans lesquelles va s’illustrer Anthony Vaccarello. Notamment avec des noms de cinéastes comme David Cronenberg et Paolo Sorrentino qui s’ébruitent…

En attendant, si vous voulez succomber à la double ceinture portée par les protagonistes, voici une sélection Modalova de ceinture Saint Laurent :

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